Marcel Viel
Pilote Air Canada commandant de bord, check pilot, AQP Mentor A330
Instructeur de vol classe 4, mentor et conférencier pour les jeunes


Je suis tellement choyée de vous raconter des aviateurs du Québec. Les rencontres sont toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Aujourd’hui, je vous présente un pilote plus grand que nature, avec un parcours incroyable et un don de soi unique : Marcel Viel.
Marcel est originaire de Rivière-du-Loup, mais a grandi à Montréal. À l’heure des choix, il se voit simultanément accepté au CQFA et à l’ÉNA. Il dit avec humour : ‘’J’avais le choix entre briser des avions ou les réparer’’. Il choisira de les briser. Il gradue du CQFA en 1987. Ce n’est pas une bonne année pour se faire embaucher; l’aviation étant dans un creux cyclique. Il joint donc les Forces Armées Canadiennes comme pilote.
Il y sera 9 années où il aura la chance de voler le Buffalo, le King Air, participer aux recherches et sauvetages et surtout il fera partie de la première équipe d’instructeur
qui redémarra le très célèbre centre d’entrainement de Portage La Prairie en 1992. Ce fameux centre qui entraîne les pilotes de l’OTAN. Pas surprenant qu’il gravit les échelons et passe de superviseur à instructeur-formateur des instructeurs, l’équivalent de notre Classe 1 au civil.
À 24 ans, il est surtout le plus jeune pilote-instructeur de la base. Il raconte avec humour comment à chaque graduation des finissants il se fait féliciter, les gens le confondant avec les élèves tellement il est jeune!
C’est d’ailleurs ce qui marque le parcours de Marcel : plus jeune en tout : un des plus jeunes à avoir intégré le programme de CQFA à 16 ans, plus jeune commandant à 45 ans de B767 à Air Canada, plus jeune pilote-vérificateur sur A330.
1996 sonne la fin de son service militaire. Marcel joint Air Nova sur le Dash-8 pour une période de 6 mois et fait ensuite le saut chez Air Canada. Pendant 7 ans il sera premier officier, passant du DC-9 à l’A320 et à l’Embraer. Encore là, l’entraînement le rattrape, puisqu’il passe ‘’Training captain’’ avant de passer à gauche sur le A320 et le A330. Il chemine comme instructeur, puis pilote-vérificateur. À l’heure actuelle il compte à son carnet de route 19 000 heures de vol, dont… 300 heures sur pistons!
Du petit gars qui fabriquait des simulateurs de vol en bois dans son cabanon, à check pilot sur A330 et mentor AQP (Advanced Qualification Program), il en a fait du chemin! Ce qui le rend particulièrement fier, c’est ce qu’il redonne à la communauté. Depuis un bon moment déjà il offre des conférences dans les écoles et collèges. Il n’hésite pas à prodiguer conseil et offrir du mentorat aux jeunes pilotes. Particulièrement touché par les nombreux accidents des 2 dernières années, il se demandait comment faire plus. Comme il est papa de 3 garçons qui souhaitent devenir pilote à leur tour, il entreprend donc sa formation d’instructeur de vol classe 4 qu’il complètera en plein covid!... tout en pilotant des voyages cargo pour Air Canada partout dans le monde!
Marcel, c’est l’instructeur de rêve qu’on visualise quand on veut entreprendre notre formation de pilote : un super pilote, avec beaucoup d’expériences et de vécus, une magnifique personnalité et qui revient partager le tout à la jeunesse.
Évidemment, il veut faire différent afin d’offrir plus de sécurité aérienne au travers la formation. Comme il a été formé par un programme public et ensuite militaire, il est très surpris de constater combien il y a à faire dans l’industrie privée de l’aviation au Québec. Il comprend que l’entreprise doit être rentable, mais il faut trouver un meilleur équilibre avec la sécurité aérienne. ‘’Il faut éviter de tourner les coins ronds. Nos étudiants doivent comprendre ce qu’ils font. C’est la meilleure manière de développer leur situation awareness et éviter des accidents. Quand je vois quelqu’un qui lit une check list sans la comprendre, je reprends depuis le début. À quoi ça sert le briefing pré-décollage? Pourquoi as-tu besoin de t’assurer que ta manette des gaz est vissée? Pourquoi tires-tu sur le réchauffe carburateur?’’ Il veut amener les pilotes-en-devenir un peu plus loin.
Même s’il a gradué depuis peu comme instructeur civil, Marcel reçoit déjà beaucoup d’éloges. Les gens voient la différence dans son approche et l’apprécie. En parlant de la différence d’entraînement, nous lui avons posé la question sur quelle différence voit-il entre sa carrière militaire, de pilote de ligne et de l’aviation générale, il dit en rigolant : ‘’J’aime les challenges : reprendre un avion à 5 pieds du sol, j’adore ça!’’
Oui, Marcel est un pilote émérite, mais il est également un mentor. Redonner à la communauté est important pour lui. Il dit avoir eu la chance d’avoir des mentors tout le long de son parcours et veut maintenant rendre la pareille. ‘’Il ne faut pas être gêné de demander conseil.’’ Quand il donne ses conférences il le dit : ‘’si je suis venu ici, c’est parce que j’ai le goût d’échanger avec vous. Ne soyez donc pas gêné à la fin de la conférence et venez me jaser ou me poser vos questions.’’
Il y a 3 messages qu’il souhaite livrer aux jeunes :
1) Visez le plus haut possible. Ne vous contentez pas de 70%, visez 100%. Soyez le meilleur possible.
2) Soyez persévérant. Ne refusez pas d’offres, saisissez l’occasion. Oui la job à Sioux Lake est loin, mais c’est un défi qui se présente sur ta route, prends-le.
3) Ne vous mettez pas de limites. N’ayez pas peur des défis, d’affronter l’inconnu, de prendre des risques. Il a en souvenir ce jeune qui voulait travailler pour Air Canada mais qui lui a dit : ‘’mais moi, je ne veux pas aller à Toronto’’.
Et parfois il rajoute un conseil supplémentaire : soyez ouvert à l’information des autres. Si quelqu’un prend la peine de vous prodiguer un conseil, ce n’est pas pour vous nuire! Vous êtes à l’ère des technologies et pourtant personne ne se parle. Communiquez! C’est d’ailleurs la base de votre travail.
Redonnez au suivant est important pour Marcel. Il dit que l’énergie qu’on dégage l’est tout autant. ‘’J’ai eu de la chance, mais j’ai aussi fait ma chance.’’ Si tu veux qu’on t’aide, il faut dégager de l’énergie. Ça te sert dans l’avion aussi : il faut que tu communiques.’’
Cette énergie, cette rigueur, Marcel l’applique dans sa nouvelle vocation d’instructeur pour l’aviation générale. Il ne forme pas des pilotes pour une licence, mais pour la vie. Leur vie. ‘’Non seulement je veux que mes avions reviennent, je veux qu’ils reviennent avec le pilote.’’ Dira-t-il avec humour.
Cette chance qu’il a eue et qu’il a créée, et cette énergie positive ont contribués en grande partie à sa brillante carrière. L’autre partie, il l’a doit à sa complice depuis 1986, Marlène, et mère de ses trois garçons : Jonathan, Alexandre et Sébastien, futurs pilotes. Marlène est également impliquée dans l’aviation à titre d’infirmière spécialisée. Comme Marcel le dit si bien : ‘’Marlène, c’est ma belle infirmière, mon pilier. Sans elle, je n’aurais pu accomplir tout ça. Ça prend quelqu’un pour maintenir le fort!’’
Marcel envisage donc l’avenir avec cette même énergie positive pour atteindre ses objectifs concernant la formation et la sécurité aérienne, qui est l’élément essentiel de son parcours comme instructeur civil et comme mentor. ‘’Trop d’événements ont fait les manchettes ces dernières années. C’est mes enfants, ce sont nos enfants. Entraînons-les biens, guidons-les.’’
Nul doute qu’avec son incroyable bagage, il y parviendra!
Document(s)
Retour à toutes les catégories